🖝 Circuit guidé des Vitraux de 4 églises de Saintonge
Rendez-vous 14h20 Impasse de l’Eglise 17250 Sainte-Radegonde
DĂ©placement en voiture d’une Ă©glise Ă l’autre (covoiturage); visite guidĂ©e avec la confĂ©rencière Maryse Vila-Cornellas.
BĂ©atrice B. Ă l’initiative de ce circuit, ne s’est pas limitĂ©e Ă son organisation puisqu’elle a rĂ©digĂ© ce reportage illustrĂ© de nombreuses photos.                  Â
              « Par une journée ensoleillée, nous partons à la découverte des vitraux d’églises saintongeaises, éclairés par une belle lumière.
Notre circuit débute à Sainte-Radegonde
Maryse Vila-Cornellas, notre guide, nous présente Radegonde, reine du VIème siècle, pieuse au caractère affirmé. Elle a donné son nom à cette église où elle se serait arrêtée lors de sa traversée de la Saintonge vers Poitiers, ne voulant plus vivre avec son mari, roi meurtrier de son jeune frère.
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Cette église est la plus archaïque des 4 églises que nous visiterons. Les murs de la nef attestent une construction de XIème, la façade occidentale est remaniée début XIIème et le chevet plat au XIIIème.
Un portail unique à la voussure décorée de pointes de diamants et d’un motif de cordes (Geay et Annepont) et une corniche supérieure de modillons, indiquent son appartenance au roman. pas de clocher mais un campanile à arcades.
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On ne trouve plus de vitraux des XVIème et XVIIème dans la région. Ils sont du XIXème fabriqués en série. Au début du XXème quelques artistes s’alarment de la déchéance de l’Art Sacré et créent des ateliers d’Art Sacré.
Ils vont solliciter la coopération de grands peintres tels Maurice Denis (Raincy, Seine Saint-Denis), Fernand Léger (Audincourt, Doubs), Georges Braque (Varangéville, Seine-Maritime), Henri Matisse (Saint-Paul de Vence), Marc Chagall (Metz)…
Les maîtres verriers s’appuient sur les nouvelles technologies. La réalisation est moins onéreuse que celle des vitraux du Moyen Age fragiles et coûteux ; de plus il y a peu d’artisans formés à la technique des anciens vitraux pour les restaurer. L’Art Nouveau, fin XIXème début XXème utilise beaucoup le verre pour la décoration des édifices publics et particuliers (verre Tiffany) ainsi que plus tard l’Art Déco, 1920- 1939.
Au milieu du XXème éclate la querelle de l’Art Sacré, suscitée par l’attachement de l’Eglise aux vitraux traditionnels. La création a évolué vers l’abstraction, la lumière est mystique en elle-même. Cette querelle se calme en 1954, témoin l’église Notre Dame de Royan (1956).
Vitraux thermoformés de Sainte-Radegonde
Les techniques modernes (fours électriques, informatisation) permettent de créer les vitraux thermoformés, technique qui donne une forme matrice à une plaque de verre colorée ou non (ou à une feuille plastique) chauffée jusqu’à 700 degrés pouvant être peinte ensuite.
La montĂ©e en tempĂ©rature et le refroidissement doivent ĂŞtre maĂ®trisĂ©s sinon il y a risque d’explosion dans les 15 jours. Le thermoformage est aussi utilisĂ© dans les arts de la table, les objets dĂ©coratifs en verre… et il est parfois associĂ© au fusing, technique ancienne remontant Ă l’antiquitĂ©, assemblant des pièces de verre compatibles au niveau tempĂ©rature (800 Ă 900 degrĂ©s). Au dĂ©but, le thermoformage a Ă©tĂ© employĂ© pour la protection des vitraux des cathĂ©drales (Chartres, Bourges, Tour, la Sainte Chapelle de Paris… ) luttant ainsi contre les intempĂ©ries, la pollution, la condensation… ).
Quelques kilomètres plus loin, Ă Plassay, nous nous regroupons devant l’Ă©glise Saint-Blaise.
Saint-Blaise, église romane à nef unique, aux murs enduits marqués de faux joints simulant des pierres, surplombée d’une fausse voûte recouvrant la charpente et au chevet en hémicycle.
Sur le côté Sud de la nef se dressent un clocher armorié du XVème (aigle bicéphale, armoiries des familles seigneuriales qui finançaient la construction d’églises) et une sacristie, ajoutés au XVème.
Baie romane avec voussure décorée de pointes de diamant (Extérieur)
 L’originalité de cet édifice réside dans ses vitraux ayant pour thématique les deux dernières guerres, mémorial aux victimes de ces conflits.
Une photo sérigraphiée d’un soldat est incrustée dans le vitrail sous forme de médaillon aux pieds d’un saint.
Ces représentations se rencontrent en Bretagne et plus rarement en Charente. Le nom de famille ainsi que celui du curé de la Paroisse peuvent y figurer.
Les vitraux de 1928 ont évolué dans les coloris et dans les formes, plus modernes, style art déco (ateliers Fournier à Tours). Dans le chœur, une Vierge avec un paysage stylisé et à ses pieds des trophées militaires, vitrail offert à la Vierge par les conscrits de 1901 rappelés sous les drapeaux pendant la dernière guerre.
On remarque des vitraux géométriques simples, formés de plaques colorées assemblées, (1950-1960) et un vitrail célébrant le passage au 3ème millénaire (Jubilé de l’an 2000) d’un peintre verrier rochelais (atelier Moreau de Pons).
S’y trouvent cités les donateurs selon la tradition du Moyen Age.
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Partons pour Romegoux. En haut de la côte se profile l’église Saint Pierre reconstruite au milieu du XVème au même endroit et respectant la même orientation où s’élevait jadis une première église de style roman. Elle est un bel exemple du gothique saintongeais, d’un style très homogène, sans parties d’art roman.
Arrivés devant l’église, notre guide nous entraine sur le côté Sud pour découvrir le surprenant vitrail monumental de 1992 d’un maitre verrier sculpteur, Gérard Lardeur, décédé en 2002, qui a réalisé de nombreux vitraux (Saint-Just-Luzac, Sainte-Hérie à Matha..)
Entrons par le clocher-porche. Cette curieuse tour carrée qui le surmonte n’a jamais vu s’élancer la flèche prévue.
Au nord de la seconde travée de la nef unique s’ouvre une chapelle qui aurait dû avoir son pendant côté sud mais jamais construite. Cet emplacement est occupé par le vitrail de G. Lardeur, artiste très réputé.
Ce vitrail de verre et de ferronnerie Art Moderne « sculpte la lumière » comme le disait Lardeur. L’armature verticale métallique dessine une croix, un arbre de vie.
Sur les clés de voûte, admirons les écussons au nom des familles Goumard et Arcarie
Autre curiosité de cette église, sur les murs et sous l’enduit ont été découverts des vestiges de peintures murales du XVIIIème. Entre autres, est visible un pape « trifrons » représentant, non un pape mais les visages de la Trinité. Les gaulois représentaient des divinités tricéphales qui ont eu du succès à partir du XIème et devenues hérétiques au XVème et interdites par le pape.
La Litre Funéraire, cette bande noire peinte sur les murs intérieurs ou extérieurs pour honorer une personnalité défunte (ici, armoiries de la puissante famille Courbon Blénac) se remarque également.
Romegoux montre une continuité entre un édifice gallo-romain révélé par les fouilles et un sanctuaire chrétien, configuration observée à Mornac sur Seudre et à Thaims.
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                  Rejoignons Bords pour terminer notre périple. Maryse nous convie à découvrir l’extérieur de Saint-Vivien, l’église aux deux clochers, de style roman du XIIème et remaniée au XVème, suite à un incendie sans doute survenu pendant la guerre de 100 ans.
Accolé à la tour du clocher du XVème subsiste la base de l’ancien clocher roman.
Côté Sud, contreforts, baies étroites, corniches à modillons du XIIème s’inspirant de ceux d’Aulnay, nous parlant de l’art roman.
Le clocher du XVème s’appuyant sur le côté de la nef comporte, au premier niveau, des baies fermées style gothique rayonnant et au deuxième niveau des baies ouvertes derrière lesquelles carillonne une cloche.
La sacristie s’étant ajoutée à cette travée droite date du XIXème comme c’est fréquent.
Les gros masques ou goules, figures diaboliques avec leurs protubérances, nez, dents, oreilles, griffons retournés abritant des petits personnages sous leurs ailes sont des motifs inspirés par la grande église d’Aulnay de Saintonge. … Tout un répertoire artistique existait au Moyen Age ; à l’extérieur les imagiers avaient une certaine liberté osant la grivoiserie et représentant aussi des figures de la vie quotidienne.
Les faisceaux de colonnes sont identiques à ceux de Saint-Eutrope de Saintes, de Talmont… La pierre utilisée provient sans doute des carrières de Saint-Savinien tout proche.
L’intérieur nous accueille avec une nef unique et
une impression de transept due à ses deux chapelles Nord (d’origine) et Sud (ajoutée).
Les baies sont dissymétriques, le Sud roman,
le Nord gothique rayonnant.
On reconnaît le style de Gérard Lardeur
avec un vitrail de 1997.
Les chapiteaux portent des personnages et un riche décor végétal.
Sur l’un d’eux une profanation de l’hostie (un personnage semblant « manger un gâteau », le Pain Consacré) peut faire un écho diabolique à un chapiteau d’Aulnay, le Christ portant l’hostie.
Le baldaquin XVIIIème du chœur étonne, dissimulant l’abside éclairée par trois vitraux anciens, Saint-Louis et Saint-Vivien qui malheureusement se dégradent, les plombs cassent, les peintures s’estompent, s’écaillent, les visages deviennent blancs sans relief.
L’église Saint-Vivien abrite la mémoire de l’ancien temps et la modernité de notre époque.
Riches d’un savoir que Maryse, notre guide, a partagé avec nous, merci à elle, pour la clarté de ses explications, nous reprenons la route pour rejoindre Rochefort après cette belle journée printanière ».  Béatrice B/Maryse Vila-Cornellas.
Merci Ă BĂ©atrice pour ce travail de restitution d’un art qui parait difficile Ă aborder, elle l’a rendu tout Ă fait accessible par sa prĂ©sentation et photos.
Photos de BĂ©atrice B.Â