Frida Kahlo, intime

Pascale Lépinasse – Docteure en Anthropologie Sociale et Ethnologie, Diplômée de L’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS/ Paris), Diplômée de L’Ecole du Louvre en histoire de l’art .

Rappel de l’avant-propos : L’œuvre de Frida Kahlo (1907-1954) est révolutionnaire à plusieurs titres : parce que avec la Révolution mexicaine souffle un vent de liberté qui la stimule pour affranchir sa peinture des conventions ; parce que son œuvre recèle un questionnement profond sur ce que signifie être une « femme artiste » ; parce que ses tableaux enfin réinventent le genre traditionnel du portrait.

Frida est complexe. Travaillant au moment où se définit la nation mexicaine, elle contribue à l’élaboration de l’étonnante synthèse mixant la tradition autochtone et l’avant-garde artistique venue d’Europe : métisse, elle exprime pleinement son attachement à sa terre et sa « mexicanité » en se référant à des modèles culturels ancestraux ; excentrique et provocatrice, elle incarne en même temps la femme moderne, indépendante dans sa vie et ses choix. Artiste de l’intime, elle se livre en toute liberté dans des toiles-choc, qui racontent ses drames autant que ses courages.

Mme Lépinasse nous transmet quelques visuels de son intervention, ponctuant la vie de Frida Kalho.

Frida Kahlo, une figure révolutionnaire originale

José Vasconcelos (1882-1959) grand penseur et écrivain mexicain, a promu l’éducation laïque, civique et une mission sociale de l’art (voir les fresques sur les murs des collèges). Diego Rivera, muraliste, s’inscrira dans ce mouvement 1920-1950, il deviendra plus tard le mari de Frida.

Frida alitée, peint ses corsets grâce à un miroir qui lui revoie son image et son buste. Atteinte de poliomyélite enfant, puis gravement accidentée par un tramway étant jeune fille, elle doit subir de nombreuses opérations de la colonne vertébrale et porter des corsets successifs. Elle s’adonne à la peinture en privilégiant les autoportraits puisqu’elle est pendant de longues années face-à-face avec elle-même. Les souffrances de son corps se retrouveront dès lors dans ses peintures jusqu’à sa mort.

Frida Kahlo, un ex-voto de 1943 relatant mettant en scène l’accident terrible de tramway en 1925.

« Le cadre », autoportrait, 1ère œuvre mexicaine exposée au Louvre 1938, repérée par André Breton qui l’invite à Paris la considérant comme peintre surréaliste, ce qu’elle démentira (pas de classification pour elle).

Diego Riviera et Frida Khalo, peinture de cette dernière en 1931 (mariage en 1929)

Autre période de sa vie, le divorce du couple, ils en souffrent tous les deux. Ils se remarieront deux ans après. Ici en 1943, Frida, autoportrait en costume traditionnel, « Tehuana ou Diego dans mes pensées » .

« La colonne brisée » 1944 – sa santé se dégrade à partir de 1945, opérations multiples, elle doit s’aliter pour ne plus se relever . des pensées bouddhistes l’animent – une dernière peinture sera intitulée « Vive la vie » !

Morte en 1954, elle laisse 143 tableaux, et plus récemment : découverte sous scellés du journal intime, des archives, des photos permettant d’éclairer et comprendre davantage Frida Kahlo, une femme qui ne méritait pas de rester dans l’ombre.

Mme Lépinasse, à l’issue de la conférence, nous propose deux fascicules dont elle est l’auteure :

1- « Comprendre l’art moderne » .

2 – « Comprendre l’art contemporain post-1945 – les courants picturaux .

Frida Kahlo a fait l’objet récemment d’une exposition « au-delà des apparences » au musée Galliera à Paris, musée dédié à la mode du 15 septembre 2022 au 5 mars 2023.