Date

vendredi 16 février 2024
Expired!

Heure

14h30

Muséum d’Histoire naturelle de La Rochelle

                13 personnes participent à cette visite, un véritable voyage qu’elles ne regretteront pas, c’est certain.

L’accueil du groupe a lieu dans le jardin dépendant de l’hôtel de la Tremblay qui abrite l’ensemble les collections ; Michael, notre guide nous rejoint et la visite peut débuter.

Hôtel de la Tremblay (1708), côté jardin
            Dès l’entrée, la beauté des lieux nous saisit, la lumière douce, les animaux présentés semblent réels, le résultat de la taxidermie est parfait et incomparable avec les présentations des années 70-80, immenses vitrines alignées sans attrait et étagères poussiéreuses.
           Une rénovation totale du bâtiment et des installations a eu lieu en 2007. Le public redécouvre la plus ancienne institution muséale de La Rochelle embellie et bien valorisée, dotée des technologies interactives. Elle est labelisée « Musée de France » par le ministère de la Culture.
           
           Tout cela est indissociable des grands personnages de notre région Charente-Maritime qui ont contribué chacun dans leur domaine aux recherches, collectes très diverses, cartographies, tracés et participations à des expéditions vers des terres et des mers inconnues dans le but de transmettre leurs connaissances regroupées sous le titre : « Histoire naturelle ». Trois règnes, que nous connaissons : minéral, animal, végétal qui obligent à un travail d’identification, de classification (espèce, genre, famille, ordre, classe…) nomenclature universelle issue des travaux de Linné (plantes) et Lamarck (les invertébrés), Cuvier (fossiles) pour ne citer que les plus célèbres…
           Dans ces lieux de sciences naturelles est mis en valeur en premier lieu le Cabinet d’histoire naturelle (XVIIIème siècle) ; La Rochelle en possédait déjà trois en 1689, destinés à accumuler, inventorier, conserver les productions de la nature et les richesses du monde connu.
           En 1832, le cabinet Lafaille (créé en 1745), augmenté au gré des années des collections d’autres naturalistes locaux, devient le Muséum Lafaille. L’ensemble prend place dans 5 salles dont la grande galerie.
Tout début de présentation en extérieur ("La Rochelle il y a 100 ans")
1er Cabinet Lafaille (photo, "La Rochelle il y a 100 ans")
Cabinet Fleuriau ("La Rochelle il y a 100 ans")
                 En 1835 est créée la Société des Sciences Naturelles de la Charente-Inférieure, le musée régional Fleuriau, adjacent est alors relié au Cabinet Lafaille. Puis il prend le nom de Muséum Fleuriau en hommage à son fondateur et donateur, géologue, voyageur, collectionneur. Ainsi tout est rassemblé dans les anciens bâtiments situés face au Musée Lafaillle avec des salles de géologie, paléontologie, zoologie, botanique. Tout sera réuni ensuite. En 1895 il est décidé d’une direction unique pour ces deux musées relevant de la Ville de La Rochelle. En 1945, le Muséum est classé parmi les six premiers muséums de France
          Attardons-nous sur Clément Lafaille (1718-1782) naturaliste, collectionneur, il fait partie de l’Académie royale de La Rochelle. Il bien reste peu de choses de son histoire en dehors de son cabinet d’histoire naturelle qu’il a légué au Muséum constituant ainsi son principal fonds. Nous l’admirons aujourd’hui, avec ses boiseries travaillées et un éclairage adapté. Quant à ses écrits et ses archives, ils ont été légués à l’Académie royale.
      Pour permettre d’exposer ses collections : coquillages, plantes, géologie, il commande en 1776 quinze armoires murales vitrées, complétées par douze tables-vitrines et des chaises Louis XV. Il s’agit du seul cabinet naturaliste du XVIIIe siècle conservé actuellement en France.
Cabinet Lafaille (1782), restauré, éclairé, documenté
Cabinet de curiosité , détails d'une vitrine
Meuble-vitrine en acajou de Cuba, ici, la coquillologie
Le groupe devant les armoires du cabinet de curiosités
Fauteuil rabattable pour glisser sous un meuble
               On a commencé à parler de cabinets de curiosités sous François 1er. A la suite, les rois ont voulu mettre à disposition pour les artistes un meuble, une pièce ornementée pour mettre en valeur des collections au retour des voyages vers les pays lointains, méconnus.
             Ces « raretés naturelles » pouvaient être montrées aux savants européens, par exemple ; parallèlement des catalogues de cabinets ont circulé. On a compté 380 cabinets de curiosités – qui ne concernaient pas que le domaine scientifique mais aussi des arts : peinture, sculpture, bijouterie, verrerie, etc… 
        Il faut avancer dans la visite car beaucoup de sujets vont attirer notre attention : ainsi le monde animal avec sa galerie de zoologie (ses ramifications : ornithologie (oiseaux), carcinologie (crustacés), mammologie (mammifères), herpétologie (reptiles et amphibiens), ichtyologie (poissons), entomologie (insectes), malacologie (mollusques)…
          C’est E-NOR-ME !!  mais cela ne rebutent pas les enfants (comme ceux rencontrés dans les galeries),, bien au contraire, ils voudraient bien les toucher, rester en leur compagnie… passer une nuit au musée, un rêve fait par les enfants… et peut-être les adultes !
Phoque veau-marin
Condor des Andes rapporté par Alcide d'Orbigny, 1831
Chimpanzé nain femelle, 1929, Afrique équatoriale
Zèbre de Grévy ou zèbre impérial, Afrique
Galerie de zoologie, ornithologie dans les vitrines
                Concernant les voyageurs-naturalistes (thème retenu pour cette visite), on retiendra Alcide d’Orbigny (1802-1857) qui a consacré sa vie à la paléontologie moderne et notamment dans la région charentaise.
               Il n’est pas rochelais mais il s’était installé, en seconde partie de sa vie à La Rochelle avec sa famille (voir l’hôtel particulier, devenu musée d’archéologie d’Orbigny-Bernon, fermé depuis quelques années).
              D’Orbigny a grandement participé aux travaux du Muséum de Paris à l’étude, la collecte, l’identification, la classification des céphalopodes (mollusques).
              Il est fondateur de la micropaléontologie, inventeur de la stratigraphie : étude des étages sédimentaires utilisée encore aujourd’hui dans le monde entier.
             Après un voyage d’exploration de 7 ans effectué en Amérique méridionale, il va parcourir la France à la recherche de fossiles, visitant plus de 400 sites de France. Il collecte plus de 100 000 échantillons qui lui serviront à décrire l’ensemble des fossiles de France donnant « la Paléontologie française » 1er volume publié en 1840. 
            D’Orbigny va se rendre en personne sur les différents sites fossilifères, car il veut observer par lui-même la place exacte des fossiles dans les strates géologiques
                Autre grand voyageur, Aimé Bonpland (1773-1858) chirurgien de marine (avec les moyens de l’époque – Visiter l’école de médecine navale de Rochefort qui montre ces moyens… ), botaniste mérite notre attention à la suite de sa participation à des expéditions dont une avec Alexander von Humboldt (1769-1859), médecin, naturaliste, un homme de grande envergure. 
            En 1798, l’amiral de Bougainville lui propose, ainsi qu’à Alexander von Humboldt (1769-1859) qu’il rencontre alors un peu par hasard, de les embarquer comme naturalistes pour sa future seconde expédition autour du monde. 
            En 1800, Humboldt et Bonpland embarquent pour Cuba, y restent 4 mois avant de rallier Carthagène en Colombie. Ils escaladent un volcan, le plus élevé du monde (à l’époque), le Chimborazo (6 310 m). Ils seront bloqués par la neige à 5 877 m. Ce sera néanmoins un exploit et énormément de renseignements et matériaux d’étude ramenés. Ils repartent vers le Mexique en 1803 pour rejoindre le l’Amérique du nord où ils rencontreront le Président Thomas Jefferson. De ce périple ils ramèneront des milliers d’échantillons représentant 6000 nouvelles espèces de plantes, des notes géologiques, cartographiques. Il semble qu’à la suite,  ce soit Humboldt qui ait recueilli les hommages et célébrités  Bonpland, devint botaniste, rattaché à la Malmaison, il développe des espèces de rosiers et accueille la plus grande serre d’Europe.
 
               
              Impossible de détailler toutes les vies et exploits à terre ou à l’occasion des expéditions scientifiques, il ne faudrait toutefois pas oublié Nicolas Baudin (1754-1803) avec son expédition dans le Pacifique, parti en 1800, il a contourné la Nouvelle-Hollande – Australie -, abordé Port Jackson, devenu Sydney. En mer, de nombreux problèmes avec l’équipage se posent – caractère difficile de N. Baudin, il n’en reviendra pas.
            Nous changeons d’étage et découvrons les collections ethnographiques du muséum, un aperçu de diverses cultures extra-européennes, grâce à des milliers d’objets
 
Moaï kavakava (homme à côtes) (Île de Pâques). Bois, obsidienne. Collecte sur l'île en 1860.
          Si vous avez des précisions permettant de légender les photos de la galerie d’ethnographie, merci de les transmettre au contact du site. Merci. 
        
        C’est, semble-t-il, la première girafe introduite en France, voilà pourquoi les français y tiennent ! . Première également à avoir effectué un trajet aussi long pour arriver en France.
          En bateau d’Alexandrie jusqu’à Marseille, puis sur ses pattes, par des chemins multiples jusqu’à Paris, jardin des plantes (la ménagerie royale, précisément) où elle est restée 1827 à 1845). après sa mort, elle naturalisée et La Rochelle devait être sa destination finale.
         Après, le suivi est plus complexe (périodes de guerre) et sa réception à La Rochelle devient plus floue. A vous d’essayer de reconstituer son histoire et d’alerter les autorités !
         Une girafe (est-ce bien la même) figure toujours dans le grand escalier, emplacement choisi dès son arrivée (eh oui, difficile de lui trouver une autre place – taille : 4,06m! ).
Girafe, don au roi Charles X venant du Pacha d'Egypte, Méhémet Ali - 1826 -
         Tout n’a pu être visité, vous avez compris pourquoi ! Vous aurez le loisir de revenir pour approfondir, compléter vos connaissances sur les fossiles, l’histoire du littoral atlantique, la zoologie marine, les marais littoraux… Encore de belles heures devant vous ! 
         On terminera ce vaste tour du monde des sciences en nous dirigeant en extérieur vers le jardin botanique rattaché au Muséum (existe depuis 1629).
         Comme dans tous les jardins botaniques situés dans les villes de grands ports, ils ont servi à recevoir, pour partie les plantes arrivant des pays lointains, l’autre partie étant adressée à Paris, au Jardin du roi, (pour observation, identification, classification…). 
        
Platane d'Orient, 35m de haut, le plus vieux du jardin
Cascade aménagée, décor pour le plaisir du promeneur
Ancienne serre conservée pour le développement des vivaces
                Revenez au printemps pour découvrir dès l’entrée du jardin botanique une variété de plantes rares et arbres exotiques : cyprès du Cachemire, plumbago de Lady Larpent (Asie 1845), poivrier de Sichuan, chimonanthe de Chine, magnolia,  lilas de Perse,  savonnier de Chine, diverses familles de palmier, etc…  Le lieu est classé « Jardin remarquable ». 
              Le temps s’est écoulé, les portes vont devoir se refermer, nous devons être les derniers visiteurs à quitter ce bel endroit, une riche réserve dont on n’aura pas pu faire le tour aujourd’hui… et peut-être même à d’autres reprises !. Merci à notre guide, Michaël.
             Cette institution, un peu à l’écart des lieux de passages fréquentés à La Rochelle, mérite qu’on en parle ; chacun pourra y trouver du plaisir et de la connaissance que ce soit pour la nature, les sciences, les voyages… n’est-ce pas un beau programme ? (Annie R.).
Photos : Daniel P., Michel D., A.R.