Date

lundi 27 mai 2024
Expired!

Heure

14h30

Port d’Envaux

         Saint-Saturnin de Séchaud, c’est le lieu de rendez-vous pour la visite guidée de ce jour destinée aux 23 personnes inscrites. Béatrice Babin, responsable de la sortie est accompagnée de Maryse Vila Cornellia, guide au musée Hèbre.
           St-Saturnin est chef-lieu de commune à la Révolution Française et non pas Port d’Envaux qui n’était qu’un port ; En 1852, St-Saturnin perd son titre de chef-lieu, au bénéfice de Port-d’Envaux.
Eglise (milieu du XIIème)
– La Façade refaite au XIXème est assez hétéroclite présentant un porche de style flamboyant. La balustrade de la partie supérieure, cache le pignon.    
Eglise et Chapelle du XVIème accôtée au transept qui amputa l'abside
 
        Au sommet du clocher, le coq s’est envolé laissant place à un drapeau métallique fixe (sans doute un hommage patriotique).
– Le clocher nous montre deux époques d’édification :
      1er étage :  arcs plein-cintre et pointes diamants style roman.
      2ème étage : arcs lobés de la fin du Moyen-Age.
      
               L’église a une grande réputation notamment pour son carillon du clocher à la sonorité exceptionnelle ; trois cloches centenaires , don de deux familles.
               Réputé également son mobilier XIXème, aujourd’hui disparu, ce qui est un grand manque pour les historiens de l’art.
              Un beau chemin de croix sur émail attire notre attention. 
Nef voutée du XIVème, gothique ; une tribune pour les familles seigneuriales de la région surplombe l'entrée.
Autel en pierre avec colonnettes et figurines
Intérieur :
– Piliers : créés pour supporter le 2ème étage du clocher du XVème siècle (ils ne touchent pas les murs latéraux, laissant ainsi des espaces de circulation). 
– Chapiteaux : certains  du XIIème (forme conique), d’autres du XIIIème (tête féminine, coiffée de touret, masques d’animaux se faisant face…).
– Vitraux : du XIXème, réalisés par une entreprise de Bordeaux – A remarquer une scène évoquant St-Louis sous son chêne.
– Coupole du chœur : des caissons (en grisaille, très en vogue au XVIIème) évoquant la Passion du Christ.
– Nombreuses statues en plâtre, fabriquées en série. 
– Décors actuel du XIXème. 
Extérieur : 
– Surélévation visible au-dessus des modillons (sorte de console de la nef) indique une fortification avec au sommet un chemin de ronde : appareil défensif, chambre-refuge, meurtrières (fin de la guerre de 100 ans ou début XVIème avant les guerres de religion). 
– Le sculpteur dispose d’un répertoire qu’il enrichit à sa façon,
– Style saintongeais : bêtes monstrueuses dévorant le chrétien, traits grossiers des personnages,  tonneau (terre de vignes), renard qui a volé le fromage, tête de chien ; contorsionniste, pieds en l’air, tête en bas : condamnation de l’église des personnages qui ne maitrisent pas leurs corps. 
  – murs et voûtement de la nef refaits mais probablement conservation des modillons du Moyen-Age.

A proximité de l’Eglise St-Saturnin 

Prévôté du XIVème.
(à l’extrême gauche, tour qui a perdu son faîte, la poivrière) .
               Côté français, c’est la demeure du Prévôt du Roi de France qui à droit de Justice.
– Petites fenêtres agrandies au XIXème.
– Au XVème, bretèche défensive sur le côté avec petits trous pour le passage du canon de l’arquebuse.         
– Au XVIIIème, la Prévôté héberge un régiment suisse du roi venu à Rochefort pour l’assèchement des marais. Décimés par les fièvres, ils sont envoyés à St-Saturnin pour se remettre en forme. 
– Au XIIIème, la Charente est une frontière : une berge, vers le nord, est française, l’autre, vers le sud (Guyenne) est anglaise,
– A St-Saturnin, deux pouvoirs avec leur logis, se font face ! L’anglais et le français.
Château de la Tour, côté anglais
– 1370 : maison de campagne du sénéchal anglais, Jean Chandos qui devient celle du seigneur Guillaume de Ransanne.
– au XVIème, y demeurent M. de Grailly (Panloy) et son épouse.
Revenons au bâtiment : 
– A l’origine, toiture en ardoise à deux versants (disparue) ;  à présent toiture en tuiles,
– Deux tours octogonales avec escalier à vis,
– Sculpture au niveau de la toiture : un lion tenant un écusson,
– Sur la tour ronde, une coquille, décoration de la Renaissance (et non de Compostelle),
– XVIème-XVIIIème : fenêtres plus grandes pour le confort 
– Mur d’enceinte autrefois flanqué de deux tours carrées.
 

PORT-ENVAUX

Port de construction de navires et batellerie, lieu de transit de marchandises

Maison de la Capitainerie
– Fin du XVIIIème,
  Capitainerie du port.
      Le bâtiment, situé en retrait du port présente de belles colonnes monolithes ; le propriétaire était celui des carrières à proximité ! Il est flanqué de deux tous carrées.
      Un beau jardin était autrefois l’endroit où les bateaux déchargeaient ce dont ils n’avaient plus besoin.
– Trafic dès l’Antiquité romaine : sel, huitres…
– Au Moyen-Age : bois de Saintonge, pierre, céramique (la Chapelle des Pots), papeterie (Angoulême), farine (moulins de Saintes), céréales, vin et cognac, canons (Rochefort).
        La proximité de La Rochelle permet l’échange avec le nord de l’Europe : exportation vers l’Angleterre, la Hollande, la Baltique.
Cale de carénage, aujourd'hui bassin de natation
 
– Fin XVIIIème : cale de carénage jusqu’en 1932.
– 1926 : la Charente est déclassée car le transport fluvial est détrôné par le chemin de fer.
– Taillebourg, St-Savinien, Port-d’Envaux, chantiers de constructions de gabarres lesquelles vont jusqu’aux îles du Pertuis.
– Cabotage le long des côtes jusqu’à la Hollande et l’Espagne jusqu’au XIXème, puis développement des bateaux à vapeur. 
–  Trafic fluvial et navigation en mer avec des sloops, des goélettes, des bricks de 1830 à 1917.
Port-d’Envaux, honneur à la Goélette
Cale d'embarquement
     
– 1782 : sur la Charente, le halage (par les hommes, femmes, bœufs, chevaux) se faisait en face du carénage car côté Envaux, les grands propriétaires, armateurs, capitaines de bord, ne désiraient pas de quais bordant leur propriété privée. Auparavant existait un chemin de déchargement. 
– XVIIIème et XIXème : Constructions de maisons de style bourgeoisie aisée, « les folies ». Le premier maire, 1852, en fit construire une pour sa maîtresse ! La maison est tournée vers le fleuve avec jardin (être vu, s’afficher)…
Maison Arnaud, maison bourgeoise en bordure du fleuve
– fin du XIXème, graffitis gravés (celui-ci réalisé par un mousse du sloop construit à Port-d’Envaux).
Gravure sur pierre, entrée de la propriété
 
Maison Plumet
 A noter en bordure de la Charente, de gros blocs avec moulures de taille gallo-romaine.
Demeure de la grande famille Ferret, maison aux lions
Reconnaissable à ses statues de lions, pilastres, occulus, toiture autrefois en ardoise, aujourd’hui en tuile, « deux faux » pavillons qui sont en fait des dépendances (construction en moellons et non en pierres de taille) donnant une impression de grandeur. De fausses lucarnes accentuent le côté décorum du style théâtral.
         
          Cette maison est celle de la plus grande famille d’armateurs, négociants et industriels sur quatre générations.
          Louis Ferret fournit les pierres pour la restauration de la Cathédrale de Bayonne.
          Cette famille dirige des équipes de carriers qui sont cultivateurs quand ils ne sont pas dans les carrières ! et inversement… Louis Ferret loue ses champs, du matériel agricole ce qui entraîne une dépendance au patron.
          Benjamin Ferret possède une scierie qui fabrique des moyeux de charrettes jusqu’à 1975. 
 
Plaque et à proximité panneau explicatif sur cette famille

MAISON BONPLAND

Logis des Chauvins 

Le Logis des Chauvins
                                 
             Quelques mots d’Aimé Bonpland (1773-1858), de son vrai nom Aimé Goujaud, surnom Bon-Plant, donné par son père le voyant souvent cultiver les plantes de son jardin. 
            C’est un rochelais qui fait ses études d’anatomie et de botaniste à Paris où il rencontre Alexandre Humboldt, riche aristocrate prussien. 
 – Expédition 1799-1804 (l’une des plus remarquables) vers l’Amérique latine : Cuba, Venezuela, Equateur, Pérou, Mexique.         
– Au retour, comptes-rendus et atlas de voyage – voir livre « le pêcheur d’orchidées » de Michel Foucault.
Ouvrage d’Aimé Bonpland
– 1808 Bonpland remplace le botaniste du jardin de la Malmaison de l’Impératrice Joséphine où il acclimate des centaine d’espèces.
– 1816 : il embarque avec sa femme Adeline, rencontrée à la Malmaison, pour Buenos Aires, comme professeur d’histoire naturelle.           
– Il découvre comment faire germer le maté pour le cultiver à grande échelle.
Ouvrage « de l’orchidée au maté »
– 1821 : arrêté par le dictateur du Paraguay qui craint que les découvertes de Bonpland ne menacent son quasi-monopole du maté. Il est mis en résidence surveillée jusqu’en 1831 où il exercera son métier de médecin et rencontrera sa nouvelle femme Maria. Ils auront deux enfants.
         Chassé, sans sa famille, il s’installe au Brésil où il reprend ses expériences agricoles et rencontre sa 3ème femme, Victoriana, 38 ans ; il a de son côté 68 ans. Ils auront ensemble 3 enfants.         
        Il va et vient entre le Brésil, l’Uruguay et l’Argentine…
       Il meurt à 85 ans en 1858 à Paso de los Libres  en Argentine, sans jamais être retourné en France, sans avoir revu « son meilleur » et « le plus illustre des amis », Alexander von Humboldt (qui tentera de lui faire décerner la Légion d’honneur).
      Il sera enterré dans l’église de Paso de los Libres.
Anecdote : un indien saoul « Bonjour Monsieur ». Bonpland ne répond pas puisqu’il est mort. L’indien le poignarde !
 
Revenons au Logis des Chauvins.

– 1794 : la sœur d’Aimé Bonpland, Olive, épouse M. Gallocheau vivant aux Chauvins.
Le Logis des Chauvins
. Un jardin à la française, la maison à l’arrière donne sur le vallon Gibrand ; en face s’ouvre une allée de chênes verts, autrefois des tilleuls et marronniers.  Aimé Bonpland y rencontrait sa famille.
           L’après-midi se termine ainsi sur cette belle propriété et étonnante et émouvante histoire d’Aimé Bonpland.
         Texte d’Annie R.  d’après les notes de Béatrice B. agrémentée des photos de Pascal C.
 
Nous les remercions ainsi que Maryse V. , guide de la ville de Rochefort, pour ses exposés approfondis des lieux. Des campagnes bien tranquilles… Oh combien chargées d’histoires !