Circuit des hôtels particuliers de Rochefort
25 personnes était présentes au rendez-vous donné par François F. qui organisait cette sortie, un circuit dans la ville, guidé par Frédéric Chasseboeuf, du musée Hèbre, un guide spécialiste de l’architecture et du patrimoine rochefortais.
L’accueil est suivi de quelques explications sur la construction de la ville, facilitées dès lors que l’on se place devant le plan-relief réalisé en 1835 par Pierre-Marie Touboulic, ingénieur de la marine, une ville qui, après avoir été en bois, sera en pierre avec l’arrivée de l’intendant de la marine, Michel Bégon (1668-1710) amenant de grandes transformations, parallèlement à l’installation de l’Arsenal.
A partir de cette époque, Rochefort est en constant renouvellement contrairement à La Rochelle. Rochefort a connu des évènements dramatiques à l’époque révolutionnaire (érection d’une guillotine, place Colbert appelée alors place d’Armes (il faut dire que M. Guillotin était établi à Saintes, il expérimentait son invention)… L’Arsenal est à l’arrêt mais redémarre assez rapidement.
On construit beaucoup dans la ville. On a retrouvé de très beaux bâtiments empires, ignorés, à côté de la majorité des bâtiments du XVIIIe siècle que nous côtoyons encore aujourd’hui.
Les hôtels particuliers possèdent à peu près les mêmes caractéristiques (3 corps de bâtiment, un principal avec deux ailles, entre cour et jardin), certains sont transformés, en exemple, avenue Charles de Gaulle, devenu un temps Palais de Justice, pour être aujourd’hui une étude notariale ; l’hôtel particulier qui jouxte le musée Hèbre, occupé aujourd’hui par des avocats était initialement une manufacture. Tous ses bâtiments sont répartis en ilot.
Au coin de la place Colbert et de la rue Cochon-Duvivier, était l’Hôtel de la Famille Rochechouart-Mortemart. Il reste trace de l’hôtel particulier donnant Place Colbert (salle de réception surélevée) devenu banque plus tard, aujourd’hui disparue, les bâtiments côté rue, transformés et assez dégradés.
Pour beaucoup de ces familles, les mariages étaient arrangés. L’apport financier des femmes, a pu permettre l’acquisition des hôtels, cependant que le nom de la famille du mari reste gravé dans l’histoire du bâtiment.
La ville se peuple de tous les corps de métiers, des gens de marine et des professions indispensables à l’Arsenal, pour des durées variables, nombre de domestiques, cochers, aubergistes-restaurateurs, de nationalités diverses, des errants et des gens sans foi, ni loi, etc…
On assiste progressivement à une densification de la ville, il faudra donc l’organiser : construction en ilot de taille à peu près identique, alignement des façades sur rue, ces rues sont coupées à angle droit. Les habitants commencent à s’installer au plus près de l’Arsenal, au sud, rue de la Ferronnerie et au nord, non loin des formes de radoub, la Corderie, les Fonderies royales, et près des casernes…
Sur cet axe principal, face aux Fonderies royales, est construit en 1740, l’Hôtel de Latouche-Tréville, commandant de l’Hermione (1781), (plaque apposée à l’entrée erronée).
C’était un bâtiment public qui a servi de casernement pour des gardes suisses (voir la guérite de surveillance, côté cour). L’hôtel devient bâtiment privé lorsqu’il est vendu à M. Latouche-Tréville.
On trouve des pièces de réception ; dans les inventaires du beau mobilier ainsi que des tapisseries. On découvre surtout un très bel escalier XVIIIème doté d’une rampe en ferronnerie (dite rocaille) très ornementée (un savoir-faire à Rochefort à cette époque, que l’on retrouve dans de nombreux hôtels).
Ce bâtiment assez rare a été racheté par la Ville, les services du CCAS occupent les étages.
En revenant vers le centre, le groupe s’engage rue la République et de part et d’autre :
Au n° 16 – Hôtel Héron, construction pour la Banque de France, ouverture en 1883, jusqu’à la fermeture définitive en 2005. Hôtel transformé depuis peu en appartement : aile sur rue, bâchée, le reste en chantier.
Au n° 38 – Hôtel Turpin, propriété de Charles Turpin et de Julie Mac Nemara (nièce de Jean-Baptiste Mac Nemara (Vice-amiral en 1755), voir l’hôtel de ce dernier avec son frère Claude-Mathieu au 56, rue de République, des irlandais,
A noter, sous les toits, un ½ étage avec petites fenêtres ; ces pièces servaient de garde-meubles utiles lorsque les locataires étaient absents (officiers de marine en mission, par exemple).
Au n°30 – Propriété des La Moygne de Sérigny ; ce sont des marins qui ont défendu la Nouvelle-France contre les anglais. D’autre part, reprendre la conférence UTL du 20/10/2022 « De l’Iroquoisie à Marseille : des Iroquois sur les galères du Roi Soleil Louis XIV (1687-1689) » par Laurent Busseau – qui a fait l’objet d’un fascicule), Jean Baptiste La Moyne a été maire de Rochefort de 1813 à 1829. L’hôtel particulier est situé à l’arrière, on y accède par une porte piétonne, l’hôtel de rapport est sur rue.
Au n°93 – Hôtel Cordier occupé par la Trésorerie principale il y a quelques années, agrandie par l’achat de locaux voisins. En travaux actuellement : transformation des bureaux avant l’arrivée prochaine de l’Office français pour la bio-diversité.
Ici, les bâtiments se montrent au grand jour, de façon ostentatoire. D’autres sont dissimulés à l’abri du voisinage et du regard de la population, il s’agit de préserver la vie intime de ses occupants dans leur quotidien ou les jours de réception.
Continuons de respecter cette intimité. C’est aussi pourquoi, l’identité des propriétaires actuels n’apparait pas dans ce reportage « Pour être heureux, vivons cachés » selon l’adage…
Belle visite bien documentée par Frédéric et photographiée par Pascal C. Annie R